Dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo est ravi d’avoir collaboré avec RaiseLab pour sourcer et catégoriser 83 initiatives et startups facilitant la mobilité durable dans les organisations, à travers des solutions de mobilité et d’organisation du travail, notamment de gestion RH.

Cette boîte à outils alimentera la plateforme open source à destination des employeurs pour les aider à transformer les pratiques de mobilité domicile-travail en prenant en compte l’organisation du travail et en accompagnant le changement de comportement.

Cette plateforme qui sortira fin 2024 est la solution issue de la recherche de 18 mois menée en coalition avec 3 expertises et 50 partenaires réunis au MoHo lors de 3 temps de travail collectifs sur les clés d’une politique de mobilité qui fonctionne en entreprise !

Au cours de leur sourcing, les experts Raiselab ont identifié les grandes tendances des startups apportant des solutions sur la mobilité domicile-travail en 2024 en France et des outils pour appuyer ces transformations ( solutions mobilité bas carbone et solutions de gestion de l’organisation et la qualité de vie au travail).
Vous pouvez les découvrir ici :

Thématique 1 : Solutions de mobilité bas carbone

  • Il devient de plus en plus évident que la décarbonation de la mobilité domicile-travail requiert une approche transversale, ne se limitant pas uniquement à une substitution des véhicules thermiques par des véhicules électriques ou à la simple réduction des trajets. Une des clefs de ce changement de paradigme réside par exemple dans le fait d’accorder la priorité à l’usage plutôt qu’à la possession.
  • Une multiplicité d’approches complémentaires permet d’adresser des besoins parfois complexes et les freins potentiels à l’adoption des modalités de transport durables
  • Nous avons identifié 4 sous-catégories reflétant cette diversité d’approches, contribuant à une offre complète de produits et de services de mobilité pour différents besoins:
    • Les acteurs spécialisés dans l’installation et l’opération de bornes de chargement dynamisent l’innovation dans ce secteur afin de couvrir tous les besoins et les espaces, du domicile au travail en passant par la voie publique, afin de répondre aux inquiétudes des utilisateurs et faciliter l’adoption des véhicules électriques ou hydrogène.
    • Les fournisseurs de transport  permettent de :
      • 1. Favoriser l’accès aux véhicules décarbonés notamment via le leasing et le libre-service
      • 2. Mettre sur le marché des alternatives innovantes, notamment avec l’émergence des « VELI » (véhicules légers intermédiaires) qui se positionnent comme une alternative à mi-chemin le vélo et l’automobile.
      • 3. Mutualiser l’utilisation des véhicules thermiques pour limiter leur utilisation individuelle
    • Les offres MaaS constituent une tendance émergente ces dernières années, en offrant directement aux utilisateurs, ou indirectement via des collectivités, la possibilité de combiner de manière fluide différents modes de transport (“intermodalité”) ou différents réseaux pour la réalisation de leurs trajets
    • Les acteurs proposant des services de retrofit offrent deux approches complémentaires: la décarbonation de véhicules thermiques en les équipant de batterie, et l’électrification de vélos pour favoriser leur usage et limiter l’utilisation d’autres moyens de transport émetteurs de CO2
illustration mobilité bas carbone - tramway

Thématique 2 : Solutions de gestion RH

  • Pour réduire les trajets domicile-travail, il devient nécessaire de repenser l’organisation du travail de façon globale, sans se limiter aux changements de moyens de transport (ex : encourager le covoiturage et l’utilisation des transports en commun) et à la politique de mobilité de l’entreprise.
  • L’émergence de startups innovantes proposant des solutions facilitant le télétravail illustre une approche prometteuse pour relever ce défi.
  • Nous avons pu identifier 4 sous-catégories qui permettent d’adresser le sujet de la réduction des émissions domicile-travail autrement que par un pur moyen de mobilité :
    • Les solutions de gestion du travail hybride, qui permettent d’organiser le travail à distance ou multi-sites, de mieux collaborer, et ainsi de limiter les déplacements non essentiels (ex : M-Work, Klaxoon…).
    • Les solutions de gestion des avantages salariés, qui permettent aux entreprises de financer une partie de la transition vers une mobilité plus durable de leurs salariés (ex : Leeto, Happypal…).
    • Les solutions d’amélioration de la qualité de vie au travail, qui permettent de maintenir l’engagement des salariés même à distance (ex : Supermood, Haiilo…)
    • Les solutions d’évaluation pour servir le pilotage d’entreprise, qui permettent de réaliser des bilans globaux, tels que des bilans carbone ou des analyses de flottes, pour identifier les opportunités d’optimisation (ex : Aktio, Nelson…).
  • Ces approches diversifiées démontrent que la réduction des trajets domicile-travail peut être efficacement abordée par des changements structurels et organisationnels, bien au-delà de la simple modification des habitudes de mobilité.
illustration mobilité bas carbone - temps qui passe

Raiselab

RaiseLab est le premier acteur dédié à l’accompagnement des grandes organisations dans la création de valeur, d’alliances et de collaborations avec des acteurs technologiques tels que des startups, scale-ups et PME innovantes.

La mission de RaiseLab est de répondre à leurs enjeux stratégiques en imaginant, construisant et exécutant ces alliances, que ce soit sous des formats de co-développement, création de joint venture, intégration, investissement minoritaire ou majoritaire. RaiseLab compte des clients de tous secteurs, parmi lesquels : L’Oréal, LVMH, CITEO, Veolia, Michelin, CNP, BNP, E. Leclerc, etc.

MoHo

MoHo a pour mission de créer des coalitions multi acteurs et intergénérationnelles pour trouver des solutions systémiques sur les grands enjeux environnementaux et sociétaux. Nous réunissons en France et en Europe des entreprises, acteurs publics, citoyens, chercheurs, entrepreneurs, ONGs, associations, étudiants sur des thématiques clés comme la ville durable, la mobilité bas carbone, les emballages plastique et l’inclusion des jeunes. MoHo dispose d’un lieu de 7 500 m2 dédié à l’impact positif en Normandie, à Caen, qui rassemble et fait collaborer des publics de tout horizon à travers des espaces de travail et évènementiels favorisant la collision d’idées.

A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

Sonia de Abreu est psychologue en accompagnement au changement social et durable et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’experte sur ce sujet. Découvrez dans cette interview l’importance de l’accompagnement au changement dans les démarches de mobilité durable en entreprise.

Pourquoi utiliser l’accompagnement au changement ?

Le choix d’un mode de déplacement par un individu est influencé par des paramètres psychologiques et sociaux, son mode de vie, ses représentations, etc.

L’approche psychosociale permet d’agir de façon personnalisée sur ces freins afin de donner aux individus les bons outils pour provoquer le changement.

Cette approche comprend 3 étapes : le diagnostic (connaitre les déterminants psychosociaux chez l’individu), l’intervention (donner les outils adaptés aux déterminants psychosociaux de l’individu) et l’évaluation (développer les indicateurs d’évaluation adaptés et évaluer).

Comment les entreprises peuvent accompagner les salariés à décarboner leur mobilité domicile-travail ?

L’entreprise doit prendre en compte le facteur humain et les aspects psychosociaux chez les salariés pour déployer des actions adaptées aux caractéristiques de ses salariés, et aux moyens humains et financiers dans l’entreprise.

Les entreprises ont tendance à se donner des objectifs trop ambitieux. Si 80% de la masse salariale en est à cette première étape de sensibilisation aux enjeux environnementaux et de mobilité, l’entreprise ne peut pas se donner un objectif de 50% de salariés qui changent de mode de déplacement principal dans les semaines suivantes. L’entreprise doit faire ce travail de diagnostic psychosocial chez les salariés pour connaitre leur propension au changement.

L’entreprise peut accompagner le changement de différentes façons :

  • la sensibilisation : avec des récompenses, des challenges, des Fresques (climat, mobilité, etc.),
  • des techniques psychosociales qui sont importantes d’associer aux outils de sensibilisation : l’implémentation d’intention, l’étiquetage social, l’engagement, le renforcement des normes sociales avec le mimétisme.
Illustration mobilité - réflexion

Quelle importance du mimétisme en entreprise dans le changement de comportement de mobilité ?

Les normes sociales dans les entreprises représentent une porte d’entrée pour changer les comportements, avec l’influence des comportements des managers et la culture d’entreprise.

Cette culture d’entreprise peut impacter les comportements des salariés. Un agrandissement du parking de l’entreprise encourage à venir en voiture, tandis qu’une réduction du nombre de places de parking pour les voitures encourage le report modal.

Le mode de management est un élément clé dans l’accompagnement au changement des salariés. Un leadership transparent sur ses actions et des salariés qui sont écoutés sur leurs besoins favorisent le contexte pour déclencher le changement.

Comment s’assurer que l’entreprise soit inclusive dans ses démarches sur la mobilité bas carbone ?

Le projet mobilité de l’entreprise doit être inclusif et ne pas promouvoir une solution unique comme le vélo, qui serait accessible uniquement par les salariés habitant suffisamment près du site de l’entreprise. L’entreprise doit penser à la multimodalité afin de répondre au maximum à la diversité des situations des salariés.

L’entreprise doit adopter une posture de non jugement et de bienveillance envers tous ses salariés, afin qu’aucun salarié ne se sente pointé du doigt s’il n’utilise pas le mode de déplacement majoritairement utilisé ou mis en avant dans l’entreprise.

Pourquoi l’approche psychosociale reste peu utilisée dans les démarches sur la mobilité durable en entreprise ?

Il existe d’abord des réticences à la fois des salariés et des dirigeants à engager l’entreprise sur ces sujets de transitions, et encore plus à travailler dessus avec cette approche psychosociale. Le terme d’”accompagnement au changement” fait moins peur que le terme “psychologie”.

Il est courant de penser que la psychologie est utilisée pour manipuler. Pourtant, le psychologue respecte l’autonomie des individus et ne prône pas d’obligations. L’objectif est que les individus développent des comportements bénéfiques pour eux et pour leur environnement, préservant leur libre-arbitre.

Est-il plus simple de changer ses habitudes de mobilité sur des trajets moins routiniers que les déplacements domicile-travail ?

Une habitude répétée quotidiennement comme les trajets domicile-travail demande un effort cognitif très élevé pour réussir à s’en défaire.

Les déplacements moins routiniers (vacances, visites médicales etc.) sont intéressants pour expérimenter des modes de déplacements alternatifs à la voiture, car l’individu n’a pas réellement développé d’habitudes sur ces trajets. C’est l’occasion d’expérimenter le train ou le covoiturage pour partir en vacances par exemple.

Les trajets moins routiniers comportent également moins de pression sociale et de normes ciblées sur la voiture. Cependant, les normes liées aux trajets longues distances restent tournées vers l’avion par rapport au train qui est perçu comme trop chronophage et trop cher. C’est ce frein financier qui, en diminuant, peut devenir une incitation et faire basculer la norme sociale de l’avion vers le train.

Après une mauvaise expérience avec un mode de déplacement, comment renverser les barrières psychologiques qui se sont créées ?

Les accidents à vélo ou en trottinette, ou les retards avec les transports en commun engendrent des émotions négatives et le risque est de revenir à la voiture individuelle si l’individu n’est pas accompagné par un tiers avec les outils qui lui sont adaptés, pour passer outre ces émotions.

L’entreprise doit prendre en compte cet aspect émotionnel et comprendre les barrières psychologiques chez les salariés qui ont eu ces mauvaises expériences afin de déployer des outils adaptés : participer à équiper le salarié de matériel sécurisant pour le vélo et la trottinette, réfléchir à une flexibilité dans l’organisation du travail en fonction des horaires de bus et des itinéraires des salariés.

Qu’est ce qui ferait bouger les lignes ?

Il faut que les entreprises prennent plus en compte le facteur humain et ne soient pas uniquement concentrées sur des réglementations ou des solutions de mobilité bas carbone qui ne seront pas adaptées aux profils des collaborateurs.

C’est là que d’autres acteurs tiers peuvent entrer en jeu, afin de sensibiliser les entreprises aux enjeux environnementaux et sociétaux, et à l’importance d’accompagner au changement avec une approche humaine. Les entreprises et les psychologues sociaux parlent des langages différents. Les acteurs relais, telle que l’Agence Normande de la Biodiversité et du Développement Durable, facilitent également les choses.

Employeur.euse.s, salarié.e.s, citoyen.ne.s, expert.e.s… devenez un acteur pionnier sur cette problématique quotidienne, rejoignez notre Coalition mobilité durable : clemence@moho.co.

Clémence Pille, interview de Sonia de Abreu.

A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

Sonia de Abreu est psychologue en accompagnement au changement social et durable et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’experte sur ce sujet. Elle nous plonge au cœur de l’imaginaire collectif autour de la voiture individuelle, de ses symboles, et nous donne des clés pour déconstruire ces représentations afin de se détacher du système du tout voiture, et rendre nos mobilités plus propres.

Malgré la connaissance de la crise climatique, pourquoi la voiture individuelle reste-t-elle le premier réflexe pour se déplacer, pourquoi reste-t-elle omniprésente et perçue comme un symbole de puissance et de liberté ?

Quels sont les freins psychosociaux à l’abandon de la voiture individuelle ?

Les freins psychosociaux sont les freins psychologiques et sociaux déterminés par l’environnement d’un individu, qui l’empêchent de changer ses habitudes. Les différents types de freins psychosociaux font échos à différents leviers pour provoquer le changement d’habitudes, notamment de mobilité :

  • les freins cognitifs, liés à la connaissance, aux croyances, au raisonnement, à la perception des risques etc. Par exemple, les individus n’ont pas forcément connaissance du lien entre l’utilisation de la voiture individuelle et les nuisances sur la planète et la santé.
  • les freins sociaux. Par le biais du mimétisme, les comportements de mobilité des pairs sont implicitement ce qui est attendu de faire. Aller au travail en voiture est souvent le comportement majoritaire chez les collègues et les proches des individus.
  • les freins motivationnels, liés à différents types de motivation et donc de leviers :
    • levier financier : il faudrait déconstruire l’idée qu’utiliser les transports en commun régulièrement coûte plus cher qu’utiliser sa voiture individuelle tous les jours,
    • levier affectif : il faudrait déconstruire l’aspect affectif lié au plaisir de conduire, à la sécurité, à la liberté, au confort de la voiture, en développant ce lien affectif à des modes de transport alternatifs,
    • levier altruiste : il faudrait inciter les individus à moins utiliser la voiture dans l’objectif de préserver la planète et d’œuvrer pour la société.

Chacun de ces freins pourra être retrouvé à différents degrés chez les individus, d’où l’importance du diagnostic afin d’identifier les freins et d’activer les bons leviers.

Pourquoi la connaissance du lien entre notre mode de vie et le changement climatique ne suffit pas à changer les comportements ?

Cette connaissance implique des niveaux de motivation très différents selon les individus. Il faut d’abord prendre conscience de cette crise, puis du lien avec nos comportements personnels.

Des distances psychologiques par rapport aux changements climatiques bloquent souvent nos changements de comportement vers des modes de vie plus écologiques :

  • le sentiment d’une distance temporelle : se dire que les impacts climatiques vont avoir lieu dans très longtemps, en 2100 par exemple. Il faut donc développer une sensibilité pour penser que ces changements impacteront les descendants des individus, donc que cela les touche directement.
  • le sentiment d’une distance spatiale avec les conséquences actuelles des changements climatiques qui touchent d’autres pays ou d’autres continents, notamment avec les campagnes de sensibilisation montrant des ours polaires sur une banquise qui fond. Il faut déconstruire cette idée que cela ne nous concerne pas directement.

Certains leviers suffisent à provoquer le changement chez certains individus, alors qu’ils va falloir multiplier les leviers d’action chez d’autres personnes. Tous les autres freins psychosociaux mentionnés précédemment sont donc à prendre en compte dans la conduite du changement.

Quelle importance de l’éducation dans la définition des comportements de mobilité ?

L’éducation est primordiale dans la définition d’habitudes de mobilité. L’enfant est rapidement imprégné du système tout voiture, notamment pour les trajets maison-école ou maison-loisirs.

Les parents doivent être sensibilisés à tous ces enjeux afin d’inculquer les bons réflexes chez les enfants, mais ces derniers ont aussi un pouvoir de sensibiliser leurs parents en les questionnant sur leurs pratiques au quotidien.

Ensuite, les changements de vie sont des leviers importants dans la définition de nouvelles habitudes de mobilité :

  • après le lycée : l’étudiant peut profiter pleinement des avantages du système du tout voiture avec l’obtention du permis, ou alors perdre cette habitude en quittant le domicile familial et en habitant près de son lieu d’études,
  • le passage à la vie active : les actifs peuvent s’installer plus loin des villes, en sachant qu’ils ont une voiture pour effectuer leurs trajets du quotidien. L’entreprise a un grand rôle à jouer auprès de ses nouveaux salariés pour éviter que ce “tout-voiture” ne devienne leur routine et qu’ils essaient des alternatives à la voiture individuelle dès le départ.

Quel est l’imaginaire collectif autour de la voiture ?

La voiture est liée à une norme sociale implicite sur notre statut social. Dans l’imaginaire collectif, quelqu’un qui réussit dans la vie a une grosse voiture, puissante, qui pollue.

Cet imaginaire s’est construit à cause de tout ce qui nous entoure. Les voitures sont omniprésentes dans notre environnement : sur les routes, dans les rues, sur les trottoirs, dans les films (Fast and Furious), dans les dessins animés (Cars), dans les loisirs (courses automobiles), dans les jeux des enfants (voitures et circuits automobiles miniatures), dans les jeux vidéos, dans les publicités à la télévision, à la radio, dans les journaux…

Voiture qui fait de la pollution

Comment renverser l’imaginaire collectif autour de la voiture ?

Les acteurs de la transition écologique (ONG, associations, agences de l’Etat type) n’ont qu’une partie des cartes en main pour déconstruire cet imaginaire collectif, car les médias, les entreprises, les collectivités et les constructeurs automobiles continuent à alimenter cet imaginaire.

D’un côté, le gouvernement et les médias ont une responsabilité et un pouvoir très forts car ils acceptent et renforcent les messages des constructeurs automobiles, notamment avec leurs publicités. Ces constructeurs doivent travailler pour développer des véhicules moins polluants.

D’un autre côté, il y a une responsabilité individuelle à avoir un esprit critique sur ce qui est véhiculé autour de nous. Les individus sont manipulés constamment sur ce qu’ils voient, notamment avec des publicités ciblées sur les réseaux sociaux. C’est à nous de nous intéresser et d’avoir cet esprit critique pour prendre du recul et comprendre que ce qu’on nous présente n’est pas vrai : la possession d’une grosse voiture ne nous rend pas plus puissant.

Un chiffre à avoir en tête ?

Au 1er janvier 2023, il y avait 38,9 millions de voitures en circulation en France. Mais combien y a-t-il véritablement de voitures autour de nous, en comptant les voitures “dématérialisées” dans les publicités, dans les films, dessins animés, sur les réseaux sociaux… Dans la maison également, les enfants jouent avec des petites voitures, mais jamais avec des vélos miniatures. La voiture est présente partout.

Découvrez la suite de cette série d’articles avec la troisième interview de Sonia de Abreu sur le rôle de l’entreprise dans l’accompagnement au changement d’habitudes de mobilité des salariés.

Employeur.euse.s, salarié.e.s, citoyen.ne.s, expert.e.s… devenez un acteur pionnier sur cette problématique quotidienne, rejoignez notre Coalition mobilité durable : clemence@moho.co

Clémence Pille, interview de Sonia de Abreu

A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

Sonia de Abreu est psychologue en accompagnement au changement social et durable et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’experte sur ce sujet. Découvrez les clés de l’approche psychosociale pour changer les habitudes et aller vers de nouveaux usages plus durables.

Nos comportements nuisent à la planète et la conscience de cet impact est présente chez de plus en plus d’individus. Pourtant, la conscience de la crise climatique ne suffit pas à changer nos modes de vie. Il existe différents types de freins à ce changement :

  • des freins techniques : l’individu n’a pas de solution matérielle à disposition pour changer ses habitudes. Par exemple, l’individu se déplace en voiture car il ne dispose pas de transports en commun à proximité, même s’il aimerait les utiliser.
  • des freins psychosociaux : l’individu prend des décisions en fonction de son environnement, ses connaissances et ses croyances. Ces dernières peuvent être erronées et bloquer le changement de comportement. Par exemple, un individu se déplace en voiture tous les jours en croyant que le trajet en vélo est dangereux et chronophage, alors que des pistes cyclables existent sur ce trajet, et éviteraient à l’individu de perdre du temps dans les embouteillages.

La prise en compte des freins psychosociaux est nécessaire pour déclencher un changement de comportement, en plusieurs étapes : comprendre le contexte dans lequel évolue l’individu, soulever les freins au changement qui lui sont propres et activer les bons leviers pour accompagner le changement vers de nouveaux usages.

Présentation de l’accompagnement au changement

L’accompagnement au changement est une méthode consistant à comprendre les freins psychosociaux au changement, avec un regard humain. Ce prisme psychosocial nécessite une méthodologie spécifique pour utiliser les bons outils pour changer les mentalités et les comportements.

L’accompagnement au changement permet d’avoir une méthodologie scientifique, notamment via le métier de psychologue social, afin d’accompagner différents acteurs (citoyens, collectivités, entreprises etc.) au changement de leurs comportements ou de leurs politiques qui ont un impact sur la qualité de vie des individus et l’environnement.

Qu’est ce qu’une habitude, et comment changer ce comportement ?

Une habitude est un comportement automatique, routinier, qui fait partie du mode de fonctionnement de l’individu. L’habitude est acquise à force de répéter le comportement dans un contexte précis, comme prendre sa voiture tous les jours pour aller au travail.

L’habitude ne nécessite pas ou peu de ressources cognitives (attention, mémoire, raisonnement etc.) : le comportement ne nous demande pas de réfléchir à partir du moment où l’on se trouve dans ce contexte routinier.

Se défaire des « mauvaises » habitudes demande beaucoup de ressources cognitives et prend du temps, d’où l’importance d’un accompagnement par un acteur tiers (l’entreprise sur les trajets domicile-travail notamment).

La propension au changement : vers des comportements plus écologiques ?

La propension au changement est la capacité à changer de chaque individu, qui n’est pas au même degré chez tous les individus. Il existe différents niveaux de réflexion, de motivation et d’action :

  • les individus qui ne conscientisent pas la crise climatique, ou le lien entre la crise climatique et leur mode de vie. La première étape d’accompagnement au changement est une sensibilisation aux enjeux environnementaux et sociétaux, et une conscientisation des liens entre les actions individuelles et ces enjeux.
  • les individus qui sont motivés à changer leurs comportements mais ne le font pas car ils croient qu’ils ne peuvent pas le faire (trop difficile ou pas de solution à disposition). L’accompagnement au changement de ces individus va donc d’abord consister à agir sur les difficultés que ces individus pressentent (celles qu’ils croient avoir), puis sur celles qu’ils ont réellement (celles dont ils ont une connaissance concrète).
  • les individus qui ont l’intention, qui aimeraient changer mais ne passent pas à l’acte. Ils ne savent pas comment, ni quand ils vont le faire. L’accompagnement au changement de ces individus motivés consiste à les aider à planifier le changement, à identifier les possibilités qui s’offrent à eux et les freins concrets en fonction de leur mode de vie.
  • les individus qui passent à l’action et expérimentent un comportement ciblé, comme un mode de transport. Cette étape est tout aussi difficile que les autres car souvent, l’individu n’est plus accompagné et il est confronté à toutes les difficultés qu’il avait anticipées précédemment ou non, avec un risque de retourner en arrière. Il est donc important d’accompagner cette étape pour que le changement soit pérenne.

Chaque individu évolue ainsi dans un contexte différent, qui le situera dans un niveau de motivation, d’action ou d’inaction différent, d’où l’importance d’utiliser une approche psychosociale pour comprendre les blocages de chacun et utiliser les bons leviers d’action.

Découvrez la suite de cette série d’articles avec la deuxième interview de Sonia de Abreu sur la place de l’imaginaire collectif dans la définition de nouveaux comportements de mobilité et les clés pour déconstruire le système du tout-voiture.

Employeur.euse.s, salarié.e.s, citoyen.ne.s, expert.e.s… devenez un acteur pionnier sur cette problématique quotidienne, rejoignez notre Coalition mobilité durable : clemence@moho.co

Clémence Pille, interview de Sonia de Abreu

A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail, en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

Gilles Picard est dirigeant de la société Conseil et Accompagnement en Performance Sociale et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’expert en qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Nous vous proposons de découvrir à travers son expertise les liens entre les démarches de mobilité bas carbone sur le domicile-travail en entreprise et la QVCT.

Comment garantir l’équité et l’inclusion de tous les salariés dans le projet mobilité ?

La question de la mobilité durable ne doit pas accroître une fracture entre les urbains et les non urbains. L’entreprise doit éviter de promouvoir une seule solution comme le vélo, qui exclut les salariés éloignés du site de l’entreprise et peut générer un sentiment d’inéquité. L’entreprise peut avoir plusieurs axes de réflexion pour inclure tous les profils de salariés :

  • favoriser le covoiturage pour les salariés qui habitent loin,
  • encourager la multimodalité (bus et vélos peuvent être utilisés sur le même trajet),
  • donner des solutions d’organisation vie professionnelle/vie personnelle : mise en place de partenariats avec des crèches qui se situent à proximité du site de la structure, des conciergerie d’entreprise pour éviter les trajets annexes, etc.

La question de la multimodalité et de son inclusivité est indépendante de l’entreprise car elle ne décide pas de la localisation des arrêts de bus ou des gares. Cependant, les collaborations multiacteurs entre entreprises, collectivités territoriales et acteurs solutions des transports en commun sont essentielles afin de connaitre les besoins des salariés et adapter les offres de transports en commun et autres infrastructures de mobilité bas carbone sur le territoire.

Quel rôle pour le dialogue social dans la réussite du projet mobilité ?

Les acteurs du dialogue social sont des acteurs importants dans le cadre de la mobilité car le mobilité entre maintenant dans le cadre des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO). La direction et les représentants du personnel doivent être formés sur les enjeux de la mobilité durable (enjeux environnementaux et sociétaux, enjeux financiers et extrafinanciers pour l’entreprise).

Le côté transversal des questions mobilité rend le dialogue social très important dans l’avancement du projet. En effet, cela peut toucher à des questions d’organisation du travail donc à des questions de fonctionnement interne. L’allocation d’un budget mobilité impacte les autres postes de dépense de l’entreprise (notamment les salaires). Les démarches mobilité peuvent venir bousculer le dialogue social, et la sensibilisation à l’intérêt de traiter cet enjeu ne suffira pas forcément à garder un climat social stable.

C’est pourquoi la question mobilité doit s’inscrire dans des climats d’entreprises qui ont déjà résolu des problèmes “vitaux” sur la rémunération, le temps de travail, la qualité de vie et des conditions de travail, les questions de risques psychosociaux et de tensions relationnelles. L’entreprise doit avoir acquis un certain niveau de “maturité” sur ces sujets pour avancer sur le sujet mobilité.

Comment s’assurer que le projet mobilité ne dégrade pas le climat social de l’entreprise ?

Tout dépend du contexte des démarches mobilité mises en place. Pour que l’entreprise s’engage de façon sereine dans le projet mobilité, il faut passer par une phase de sensibilisation de la direction, des représentants du personnel, des managers et des salariés car tous les enjeux autour de la mobilité bas carbone ne sont pas acquis par toutes les parties prenantes au départ. Cela permettra d’appréhender tous les enjeux qui vont concerner les salariés, éventuellement les changements sur l’organisation du travail, mais aussi de percevoir les enjeux pour l’entreprise, le territoire et le climat.

Si un accord mobilité est signé, l’accord doit être en cohérence avec les attentes de chaque acteur de l’entreprise. Un accord mobilité peut ne pas avoir d’incidence particulière et viser à récréer du lien en termes de dialogue social, d’où l’importance de la phase de sensibilisation en amont pour que chaque acteur ait les mêmes informations.

L’entreprise doit ainsi être vigilante à différents enjeux liés au projet mobilité. Celui-ci ne peut réussir que si toutes les instances de l’entreprise sont sensibilisées et inclues dans ce projet.

Découvrez la suite de cette série d’articles avec les interviews de Sonia de Abreu sur l’importance de l’accompagnement au changement pour encourager les transitions comportementales des salariés sur les trajets domicile-travail.

Employeur.euse.s, salarié.e.s, citoyen.ne.s, expert.e.s… devenez un acteur pionnier sur cette problématique quotidienne, rejoignez notre Coalition mobilité durable : clemence@moho.co

Clémence Pille, interview de Gilles Picard

Encadré permettant de mettre en avant la présentation de Gilles Picard

A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail, en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

Gilles Picard est dirigeant de la société Conseil et Accompagnement en Performance Sociale et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’expert en qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Nous vous proposons de découvrir à travers son expertise les liens entre les démarches de mobilité bas carbone sur le domicile-travail en entreprise et la QVCT.

Quels sont les liens entre QVCT et mobilité domicile-travail ?

La QVCT présente des enjeux qui impactent la mobilité domicile-travail, notamment :

  • l’organisation du temps de travail,
  • l’articulation entre vie personnelle et vie professionnelle.

Ces deux thématiques sont des interfaces entre les questions de QVCT et les questions de mobilité domicile-travail. La politique de mobilité (les incitations, la communication) doit prendre en compte les contraintes liées à l’activité et à l’organisation du temps de travail.

La réorganisation du travail a un impact sur l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle, qui détermine ensuite le choix des modes de déplacements des salariés selon leurs horaires et leurs contraintes personnelles liées à ces trajets (dépose et récupération des enfants, courses, loisirs, etc.).

Comment lier le projet mobilité et les questions d’organisation du travail ?

Le projet mobilité peut être traité de façon transversale dans l’entreprise en lien avec l’organisation du travail :

  • travailler sur un projet mobilité peut être une des conditions d’amélioration de la QVCT (santé, bien-être en arrivant et en repartant du travail grâce aux mobilités active),
  • travailler sur la QVCT peut favoriser la décarbonation de la mobilité, avec un aménagement des horaires permettant de prendre les transports en commun,
  • des mentions sur la mobilité durable peuvent apparaitre dans les différents accords de l’entreprise (accord télétravail, accord QVCT, etc.),
  • les questions de mobilité durable peuvent être travaillées dans le cadre de réorganisation d’espaces de travail, de la mise en place du télétravail ou de la semaine de 4 jours, etc.

L’entreprise doit trouver un juste milieu entre les solutions qu’elle peut proposer pour améliorer la QVCT et favoriser la mobilité durable. Par exemple, la semaine de 4 jours peut être une solution pour diminuer le nombre de trajets domicile-travail, mais l’entreprise doit rester vigilante à la charge de travail que cela procurera aux salariés sur les 4 jours travaillés et faire une distinction avec une semaine “en” 4 jours.

Comment l’entreprise peut gérer la diversité dans l’organisation du travail dans son projet mobilité ?

L’entreprise doit avoir en tête que son projet mobilité doit être inclusif pour fonctionner. Chaque secteur a des contraintes d’activité qui engendrent une diversité des horaires et des modalités de fonctionnement. Le temps de l’entreprise qui fonctionne de 9h à 17h toute l’année est révolu. Les cadres horaires diffèrent en fonction des services, et la production fonctionne sur une grande amplitude horaire. C’est “l’asynchronie” du temps.

L’entreprise doit réaliser un diagnostic de départ qui permettra de connaitre les réalités en termes de mobilité et de fonctionnement dans l’entreprise, qui montrera une certaine diversité.

Cette diversité horaire doit être intégrée dans le projet mobilité car les solutions apportées par l’entreprise doivent prendre en compte ces contraintes. L’entreprise ne peut pas promouvoir une solution unique, comme le vélo qui serait plus adapté aux collaborateurs qui travaillent aux horaires en journée, et moins pour des collaborateurs qui commencent très tôt le matin.

Modifier l’organisation du travail peut-il contribuer à décarboner la mobilité domicile-travail ?

L’entreprise dispose de plusieurs possibilités pour modifier l’organisation du travail et favoriser la décarbonation de la mobilité de ses salariés : semaine de 4 jours, flex office, télétravail, souplesse horaire, etc.

L’enjeu de souplesse horaire soulève la question de l’autonomie donnée aux salariés et implique que le management accepte cette autonomie, et que les salariés commencent plus tard si les horaires de bus ne conviennent pas avec l’horaire de prise de poste définit par l’entreprise.

Cette souplesse dans l’organisation du travail représente notamment une source d’attractivité sur le marché du travail pour les jeunes générations.

C’est à l’entreprise d’arbitrer entre ces enjeux de QVCT et de performance de l’entreprise.

Lancer un projet mobilité améliore-t-il la qualité de vie et des conditions de travail des salariés ?

Il n’y a pas de relation mécanique entre mobilité durable et QVCT : le projet mobilité n’améliore pas mécaniquement la QVCT, et inversement.

Le flex office, le télétravail ou encore la souplesse horaire peuvent permettre un réorganisation du travail, faciliter l’organisation pour ceux qui habitent loin du site de l’entreprise, améliorer l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, et favoriser l’utilisation d’alternatives à la voiture individuelle. Mais les deux premières solutions obligent la structure à réfléchir aux conditions de travail données à ceux qui travaillent à distance.

Ces solutions soulèvent également des questions pour les managers et leur capacité à gérer ces organisations du travail hybrides entre le présentiel et le distanciel.

Comment inciter les employeurs à faire des liens entre le projet mobilité et l’organisation du travail ?

Il faut des coordinations qui dépassent le cadre de l’entreprise. Le sujet mobilité domicile-travail nécessitent des collaborations multiacteurs, entre les entreprises, les Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM), les acteurs solutions du transport bas carbone et les agences de développement des territoires.

Découvrez la suite de cette série d’articles avec l’interview de Gilles Picard sur les clés d’un dialogue social sain et de l’inclusion dans le projet mobilité d’entreprise.

Employeur.euse.s, salarié.e.s, citoyen.ne.s, expert.e.s… devenez un acteur pionnier sur cette problématique quotidienne, rejoignez notre Coalition mobilité durable : clemence@moho.co

Clémence Pille, interview de Gilles Picard

Encadré permettant de mettre en avant la présentation de Gilles Picard

A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail, en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

Gilles Picard est dirigeant de la société Conseil et Accompagnement en Performance Sociale et participe à la Coalition Mobilité Durable en tant qu’expert en qualité de vie et des conditions de travail (QVCT). Nous vous proposons de découvrir à travers son expertise les liens entre les démarches de mobilité bas carbone sur le domicile-travail en entreprise et la QVCT.

Le lancement d’un projet mobilité dépend-il de la taille de l’entreprise ?

Toutes les structures peuvent lancer une démarche mobilité. Celui-ci prend juste des formes différentes :

  • un projet mobilité à part entière : les structures de grandes tailles qui ont des directions RSE structurées s’appuient souvent sur les réglementations et sur des indicateurs, le projet mobilité est construit et s’appuie généralement sur un Plan de Mobilité,
  • des actions éparses sur la mobilité : dans les PME et TPE n’ayant pas forcément de référent RSE ou de budget à allouer au sujet, des actions peuvent être lancées sans forcément que cela représente un projet mobilité à part entière,
  • la démarche mobilité peut également être accrochée à d’autres projets d’entreprise sur d’autres sujets, comme le projet QVCT, et ne pas être un projet à part entière.

Pour choisir la forme que prendra la démarche mobilité, l’entreprise a plus tendance à prendre en compte le coût et le temps que cela lui coûte, plutôt que les bénéfices financiers et extra-financiers que cela va lui apporter.

Illustration de définir un objectif

Comment convaincre une direction d’entreprise de développer un projet sur la mobilité bas carbone domicile-travail ?

Il faut d’abord sensibiliser la direction aux enjeux environnementaux mais surtout aux bénéfices extra-financiers pour l’entreprise de mener une démarche mobilité : attractivité au regard des nouvelles générations, réduction de l’absentéisme, des arrêts de travail, de la conflictualité, des émissions de gaz à effet de serre, etc. Ces gains pourront ensuite apporter des bénéfices économiques pour l’entreprise.

La question mobilité est un thème qui va émerger petit à petit dans les entreprises, comme le thème des risques psychosociaux qui a pris une ampleur forte. Les réglementations vont faire prendre aux questions mobilité un poids de plus en plus important dans les entreprises mais cela ne suffit pas. Il faut une prise de conscience rapide généralisée.

Quelles parties prenantes intégrer dans le projet mobilité ?

Pour qu’un projet, mobilité ou autre, aboutisse dans l’entreprise, il est indispensable d’y intégrer la direction, qui doit même parfois être motrice du projet.

Pour que le projet ait du sens il faut associer différents acteurs : la direction, des salariés effectuant différentes fonctions dans l’entreprise, les managers, les responsables RH, RSE ou QHSE, les représentants du personnel…

L’entreprise peut penser que les démarches sur la mobilité sont compliquées à gérer en interne. Elle a tout intérêt à être accompagnée et entourée des acteurs qui gèrent les réseaux de transports en commun et autres acteurs de la mobilité bas carbone sur le territoire.

Le trajet domicile travail : vie professionnelle ou vie personnelle ?

Les frontières de l’entreprise sont de plus en plus poreuses. La vie professionnelle impacte la vie personnelle, et inversement. Il est donc de moins en moins possible de séparer les deux.

Quand un salarié est bloqué dans les embouteillages et qu’il arrive en retard à une réunion, les vies personnelle et professionnelle sont liées. Il en est de même lorsqu’une réunion de travail termine plus tard que prévu et que le salarié ne peut pas aller chercher son enfant à l’école.

Aujourd’hui, la question est de savoir jusqu’où l’entreprise se donne des limites à son intervention sur le trajet domicile-travail.

illustration d'un équilibre trouver

Comment lancer un projet mobilité qui fonctionne en entreprise ?

Le sujet mobilité doit être pris en compte de façon transversale dans les entreprises car il est en lien avec d’autres sujets, par exemple :

  • la QVCT. Les réflexions sur l’organisation du travail peuvent intégrer des réflexions sur la mobilité domicile-travail. Une politique de télétravail permet notamment de réduire le nombre de déplacements domicile-travail.
  • l’aménagement des espaces de travail de l’entreprise. L’implantation des bureaux d’une entreprise en ville pose des questions de stationnement et donc de mobilité domicile-travail.

Les questions mobilité peuvent donc devenir un projet stratégique à lui seul, ou bien se rajouter à des projets existants sans pour autant que la mobilité soit un projet à part entière.

Quels modes de management favorisent le changement de comportement de mobilité des salariés ?

Le management idéal pour accompagner le changement de comportement est le management qui accompagne, qui est dans le “faire faire” ou le “faire avec”. Ce n’est pas le management qui “fait à la place de”, ou celui qui est uniquement sur une relation descendante.

Ce sont les enjeux du management de demain : une cohérence managériale, une culture commune managériale, un management bienveillant. Ces modes de management n’empêchent pas du contrôle et de l’évaluation.

A partir du moment où l’entreprise entretient une culture et des valeurs autour des questions de développement durable, il y a un terrain favorable pour permettre des temps de réflexion sur ces questions de transitions et s’offrir des opportunités d’action.

illustration d'une dame qui semble expliquer/analyser une infographie

Découvrez la suite de cette série d’articles avec l’interview de Gilles Picard sur l’intégration de la qualité de vie et des conditions de travail dans le projet mobilité de l’entreprise.

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Clémence Pille, interview de Gilles Picard

Petit encart mettant en avant la présentation de Gilles Picard et son parcours

A l’occasion de la semaine européenne de la mobilité et dans le cadre de sa coalition mobilité durable, MoHo vous propose une série d’articles et d’interviews sur les changements de comportements de mobilité sur les trajets domicile-travail, en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

Un échange avec Laura Foglia, consultante et enseignante à l’Ecole des Ponts en mobilités bas carbone et transitions, référente et cheffe de projet responsable mobilités quotidiennes au Shift Project, nous a permis de creuser le thème suivant : pourquoi et comment traiter la décarbonation des trajets domicile-travail en entreprise ?

Environnement, santé, qualité de vie au travail : pourquoi décarboner le domicile-travail ?

Les transports représentent un tiers des émissions totales de la France chaque année. Les mobilités quotidiennes, dont la mobilité domicile-travail, représentent la moitié de ces émissions.

Au-delà des aspects environnementaux, les trajets domicile-travail peuvent être longs et fatigants pour les salariés.

De plus, l’utilisation de mobilités actives a des répercussions positives sur la santé, la qualité de vie au travail et ainsi sur la productivité et l’attractivité de l’entreprise.

Illustration, femme à vélo en ville sur piste cyclable. Mobilité durable

Comment déconstruire le système du tout-voiture ?

Ce système du tout-voiture est alimenté par un imaginaire collectif idéalisant la possession et l’utilisation de la voiture individuelle. Cet imaginaire peut être déconstruit en construisant autre chose : en proposant d’autres façons de se déplacer, respectueuses du bien-être des individus, de leur santé, de l’environnement…

Plusieurs acteurs ont un rôle important dans la production de ces nouveaux imaginaires :

  • l’Etat : en imposant des réglementations qui aillent dans le sens de la décarbonation (comme pour le tabac), en réglementant la publicité qui fait rêver de quelque chose de très individualiste, route où il y a personne etc.
  • les collectivité : en donnant l’exemple (notamment les élus). rôle sur l’aménagement du territoire et des infrastructures de mobilité bas carbone. Rôle sur l’information sur ces solutions.
  • les entreprises : en impliquant tous les acteurs de l’entreprise (pas seulement les salariés qui n’ont pas de voiture de fonction par rapport aux cadres) et en prenant en compte les avantages pour leurs salariés, et en donnant l’exemple (notamment les dirigeant et les managers).
  • les salariés : en prenant en compte les avantages pour eux-mêmes.

Le changement d’imaginaire s’est déjà opéré autour du vélo dans les dernières décennies, en devenant un mode de déplacement de plus en plus désirable.

Illustration voiture qui dégage de la fumée depuis son moteur, pollution, émission carbone, en ville - Mobilité

Comment lancer le sujet en entreprise ?

L’entreprise doit absolument prendre en compte une approche psychosociale. Les offres de mobilité décarbonée ne sont pas directement adaptées aux besoins des salariés, donc l’entreprise doit avoir une approche à différents niveaux, encourager différents modes de déplacement, valoriser les comportements de covoiturage, de vélo, de transports en commun, encourager les challenges et événements festifs (mois du vélo, semaine de la mobilité…). L’entreprise doit accompagner les salariés de la façon la plus adaptée selon leurs profils et selon les caractéristiques de la structure.

L’entreprise doit également inclure l’organisation du travail dans sa démarche sur la mobilité domicile-travail, notamment car de nombreuses situations empêchent l’abandon de la voiture individuelle pour ces trajets (équilibre vie professionnelle/vie personnelle, etc.).

Dame qui présente une infographie - mobilité durable

Le Plan de Mobilité Employeur (PDME) est-il obligatoire ?

Les entreprises de plus de 50 salariés sur un même site ont l’obligation de faire entrer la mobilité dans les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO), ou de mettre en place de façon unilatérale un PDME.

Avoir un PDME n’est donc pas obligatoire, mais il vaut toujours mieux inscrire les actions dans un plan. Une action seule aura moins d’impact et fonctionnera mieux dans un plan qui a un caractère plus systémique.

Si l’entreprise construit un PDME, les mesures et objectifs du plan doivent être adaptés aux caractéristiques de l’entreprise et des salariés.

Qu’est ce qui bloque dans les consciences ?

Certains individus n’ont pas la possibilité technique de passer de la voiture individuelle à des mobilités bas carbone. L’objectif n’est pas de les pointer du doigt, mais de se concentrer sur les individus qui ont la possibilité technique de changer. Les blocages sont souvent psychologiques :

  • manque d’information sur les alternatives bas carbone à la voiture qui existent,
  • manque de connaissances sur les bénéfices des mobilités bas carbone, pour les salariés comme pour les dirigeants,
  • des habitudes qui bloquent les individus dans des schémas routiniers. Pour changer les habitudes, il est important d’essayer des solutions sur des temps qui vont au moins jusqu’à 30 jours.
gens dans le tram, qui regarde l'heure ou leur téléphone - mobilité durable

3 chiffres à avoir en tête

  • Les mobilités quotidiennes représentent 14% des émissions de gaz à effet de serre de la France chaque année.
  • 22% de ces trajets quotidiens sont des trajets domicile-travail.
  • 84% des trajets domicile-travail sont réalisés en voiture individuelle.

Les évolutions nécessaires pour une mobilité bas carbone en 2050 ?

Plusieurs évolutions peuvent favoriser la transition vers des mobilités bas carbone quotidiennes, dont :

  • un rapprochement entre le domicile et le lieu de travail,
  • un allègement des véhicules de la part des constructeurs automobiles (la tendance est plutôt aujourd’hui à l’alourdissement des véhicules),
  • les entreprises doivent pendre en compte les bénéfices extrafinanciers en changeant les indicateurs, pour encourager les mobilités bas carbone.
Illustration d'une femme ayant une idée - mobilité durable

Découvrez la suite de cette série d’article sur les trajets domicile-travail avec les interviews de Gilles Picard sur les liens entre qualité de vie et des conditions de travail, dialogue social et démarches employeurs sur la mobilité domicile-travail.

Employeur.euse.s, salarié.e.s, citoyen.ne.s, exert.e.s… devenez un acteur pionnier sur cette problématique quotidienne, rejoignez notre Coalition mobilité durable : clemence@moho.co

Clémence Pille, interview de Laura Foglia

Bandeau de présentation avec un court texte introduisant qui est Laura Foglia

Un enjeu stratégique pour les entreprises, une méthodologie collective nécessaire

Avec 51 % des émissions de CO2 provenant des voitures particulières, le secteur des transports représente un enjeu prioritaire dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les entreprises se positionnent alors comme des acteurs clés de la décarbonation, notamment en ce qui concerne les trajets quotidiens domicile-travail des salariés, lesquels représentent un tiers des émissions de CO2 des déplacements des ménages.

Ce trajet des derniers kilomètres intègre des enjeux de multimodalité variés (vélo, voiture, train, tram, métro, bus…) et nécessite une compréhension des contraintes personnelles, professionnelles et territoriales. Les solutions doivent être systémiques, simples, engageantes et peuvent nécessiter de nouveaux récits.

Pour répondre à ces enjeux, il est crucial de rassembler un large éventail d’acteurs : entreprises, employeurs, salariés, collectivités, acteurs du transport bas carbone, associations, experts, étudiants, citoyens… Élargir le spectre est une première étape, mais construire une méthodologie permettant une vision commune et proposant des solutions simples et engageantes est tout aussi essentiel.

Grâce à son écosystème, ses experts métiers et sa large communauté, MoHo a su développer cette méthodologie, matérialisée par plusieurs coalitions, dont la Coalition Mobilité Durable. Cette coalition regroupe des acteurs divers comme le Fact et l’Anact, SNCF Lignes normandesKeolis Caen MobilitésDecathlon Logistique Cagny, CPAM du CalvadosMichelinEM NormandieWebhelpCoulidoor, SAP Labs, Ex AequoRaiseLab, la Fabrique des MobilitésCaen la mer, et Sorbonne UniversitéCerema Normandie, DREAL.

La Coalition Mobilité Durable, soutenue par MoHo, a déjà initié des actions concrètes.

Lors d’une journée, elle a réuni 30 acteurs de la chaîne de valeur du trajet domicile-travail pour travailler en intelligence collective sur trois leviers :

  1. Créer de la coopération sur les démarches de mobilité actuellement traitées en silos.
  2. Faire remonter les besoins des actifs aux Autorités Organisatrices de la Mobilité (AOM) et aux acteurs de la mobilité bas carbone.
  3. Faire coopérer les différents acteurs : employeurs, salariés, collectivités, AOM, et acteurs de la mobilité bas carbone.

Les points majeurs ayant émergé pour développer ces collaborations multiacteurs sont les suivants :

  • sensibiliser les employeurs à l’importance de traiter l’enjeu de la mobilité domicile-travail et sur le rôle de l’AOM dans cette démarche,
  • identifier les interlocuteurs dans les entreprises et dans les AOM pour faciliter la prise de contact, créer du dialogue entre ces entités et les autres acteurs du territoire (acteurs solutions du transport bas carbone…),
  • mieux structurer les processus de collaboration en désignant des référents, en créant des processus récurrents de dialogue et de prise de décisions pour l’aménagement du territoire.

 

Les obstacles à la décarbonation du domicile-travail en entreprise

Les employeurs rencontrent plusieurs obstacles pour traiter la mobilité domicile-travail : manque de temps, budget limité, manque de connaissances ou de conviction. Pourtant, la demande des salariés est forte et les impacts environnementaux significatifs. De plus, les entreprises abordent souvent la mobilité durable en silo, entraînant des solutions incomplètes. La sensibilisation à tous les niveaux de l’entreprise est indispensable pour enclencher des démarches collectives.

Depuis 2019, la Loi d’Orientation des Mobilités oblige les entreprises de plus de 50 salariés dans les agglomérations de plus de 100 000 habitants à ouvrir un volet mobilité lors des Négociations Annuelles Obligatoires. En l’absence d’accord, elles doivent développer un Plan de Mobilité Employeur et le transmettre à leur AOM compétente.

 

Renforcer les collaborations entre entreprises et AOM

Les collaborations entre entreprises et AOM sont bénéfiques pour les deux parties : l’entreprise bénéficie de conseils pour son projet de mobilité et l’AOM obtient des informations sur les pratiques domicile-travail des salariés pour mieux intégrer ces enjeux dans l’aménagement du territoire.

La journée d’intelligence collective au MoHo a permis de proposer des outils pour faciliter ces collaborations :

  • Création d’un processus de dialogue pour faire remonter les besoins des employeurs aux AOM, avec une gouvernance partagée, des interlocuteurs définis et une meilleure communication.
  • Des ambassadeurs de l’AOM pour animer les démarches de mobilité sur son territoire et faire connaitre les offres de mobilité sur le territoire. L’ambassadeur permet à l’AOM d’être directement en lien avec les entreprises sur le terrain et de récolter les besoins des salariés, et de les prendre en compte dans l’aménagement du territoire et des infrastructures de mobilité bas carbone, en identifiant les solutions existantes en collaboration avec les acteurs solutions du transport bas carbone notamment.
  • Une plateforme numérique recensant les solutions de mobilité bas carbone sur le territoire, alimentée par l’AOM.
  • Un site internet pour collecter les données horaires des entreprises sur des zones géographiques définies afin de favoriser le covoiturage, et avec une mise en lien avec les horaires des transports en commun.

 

Encourager la mutualisation inter-entreprise pour améliorer la mobilité

Les entreprises rencontrent souvent des problématiques similaires en matière de mobilité, mais collaborent rarement même lorsqu’elles sont dans la même zone géographique. Mutualiser les problématiques et utiliser des méthodologies d’intelligence collective permettrait de répondre plus efficacement aux enjeux de mobilité. Plusieurs solutions ont été proposées pour favoriser les collaborations entre entreprises :

  • Référencement d’ambassadeurs mobilité dans les entreprises et développement d’un club d’ambassadeurs mobilité se rencontrant régulièrement, partageant les bonnes pratiques ou les points bloquants, et réfléchissant à la construction d’actions communes.
  • Organisation de colloques, d’événements conviviaux et de challenge interentreprises.
  • Outils numériques : site web présentant les démarches en cours dans les entreprises du territoire, calendrier interentreprises des horaires dans une même zone géographique, Newsletter de bonnes pratiques.
  • Mise en commun d’un budget partagé pour financer des actions communes (plateformes numériques, bornes de recharges, flottes de véhicules électriques légers ou de vélos …)

Rejoindre la Coalition Mobilité Durable de MoHo

MoHo propose aux entreprises une méthodologie et des partenariats pour répondre efficacement aux enjeux de mobilité, avec un gain de temps et d’investissement, tout en les positionnant sur les enjeux d’employabilité, d’impact environnemental et d’innovation sociale. À l’automne 2024, MoHo lancera une plateforme numérique open source accompagner les entreprises dans leurs politiques de mobilité. Plus les entreprises partageront leurs expériences, plus le bénéfice sera grand pour tous.

Employeur.euse.s, salarié.e.s, citoyen.ne.s, expert.e.s… devenez un acteur pionnier sur cette problématique quotidienne, rejoignez notre Coalition mobilité durable : clemence@moho.co

Découvrez la suite de cette série d’article sur les trajets domicile-travail avec les interviews des trois experts de la Coalition Mobilité Durable portée par MoHo, sur les trajets domicile-travail en lien avec l’organisation du travail et l’accompagnement au changement d’habitudes.

MoHo a lancé une coalition multiacteurs sur la mobilité durable afin de travailler sur la décarbonation des trajets domicile-travail. Son objectif est de créer pour les référents mobilité en entreprise une méthode  d’accompagnement au changement d’habitudes des actifs selon différents profils d’entreprises et de salariés. 

Le trajet domicile-travail : un enjeu environnemental majeur

Le transport représente 30 % des émissions de gaz à effet de serre en France, soit la première activité émettrice (Commissariat Général au développement durable, 2021), et 51 % de ces émissions de CO2 sont émises par les voitures particulières (Ministère de la Transition écologique, 2021).

Qu’il s’agisse du carburant, des particules de gommes laissées dans la nature, de l’impact constructeur ou des infrastructures nécessaires au déplacement, le transport contribue activement au changement climatique, à la pollution de l’air, des sols et de la santé.

De plus, le taux d’occupation des voitures particulières pour des trajets inférieurs à 100 kilomètres est de 1,43 personne (Ministère de la Transition écologique, 2022).

Les trajets domicile-travail représentent un tiers des émissions de CO2 des déplacements des ménages avec leur véhicule particulier (INSEE, 2017) et soulèvent ainsi d’importants enjeux de décarbonation.

En parallèle, de nouvelles pratiques de mobilité se développent pour décarboner le transport et favoriser une mobilité partagée, autonome, connectée et multimodale.

Cependant, de nombreux freins persistent et ralentissent encore la transformation des habitudes de mobilité des actifs : manque de connaissance des entreprises pour construire une politique de mobilité bas carbone, ancrage des habitudes chez les salariés, décorrélation entre les solutions proposées et les usagesrigidité dans l’organisation du travail

Enfin, l’imaginaire autour de la voiture et son confort freinent l’abandon de la voiture individuelle et soulèvent des enjeux de pédagogie et d’accompagnement au changement.

Les problématiques liées à la mobilité varient selon les territoires, avec des situations très différentes dans les communes situées en territoire rural ou semi-urbain, par rapport aux grandes métropoles urbanisées. En effet, les actifs des agglomérations de Caen, Paris ou Marseille ne disposent pas des mêmes solutions pour se rendre sur leur lieu de travail, en termes de diversité de solutions, de disponibilité ou de fréquence, de coût, d’aménagement et de qualité des infrastructures.

Enfin, selon une étude Ipsos de 2021, 9 actifs français sur 10 souhaitent réduire l’impact environnemental de leur mobilité. La récurrence des trajets domicile-travail en fait un enjeu essentiel dans la décarbonation de la mobilité.

De plus, changer son mode de déplacement sur un trajet quotidien ou fréquent comme le domicile-travail peut se répercuter sur le choix des modes de déplacement pour d’autres trajets, comme les loisirs, les courses, la dépose des enfants etc…

Au delà des enjeux environnementaux, une meilleure gestion de la mobilité domicile-travail permet d’améliorer la qualité de vie et les conditions de travail (QVCT)

Les déplacements domicile-travail sont au cœur des mobilités du quotidien et touchent à la fois à la vie personnelle et à la vie professionnelle, faisant de la qualité de vie au travail un enjeu clé dans la gestion des trajets domicile-travail.

L’adaptation de l’organisation du travail au mode de déplacement d’un collaborateur, par un aménagement des horaires, une possibilité de télétravail ou encore une optimisation des espaces de travail, peuvent être des facteurs facilitant l’abandon de la voiture et le passage à une mobilité plus douce.

De plus, les mobilités actives, comme la marche ou le vélo, représentent un enjeu clé pour optimiser le bien-être au travail, améliorer la santé et ainsi créer un équilibre sain entre vie professionnelle et vie personnelle.

La mobilité durable dans les trajets domicile-travail permet également plus d’inclusion à l’emploi. En effet, les alternatives à la voiture individuelle diminuent la dépendance des salariés à la voiture pour leurs trajets domicile-travail. Ces solutions permettent aux employeurs de développer une politique de recrutement plus inclusive, en touchant des publics qui ne possèdent pas de voiture individuelle pour ces trajets du quotidien.

Illustration MoHo - Révolutionner la mobilité durable

L’accompagnement au changement, dimension essentielle dans la décarbonation des trajets domicile-travail

Qui dit quotidien dit… habitudes.

Avec la récurrence des trajets domicile-travail au quotidien, les habitudes ont la vie dure et sont un obstacle au changement. Le premier réflexe pour un trajet de 2 comme de 10 ou 20 kilomètres est souvent de monter dans sa voiture, même avec des solutions de mobilité bas carbone à disposition.

La voiture individuelle est souvent perçue comme plus confortable, plus rapide, plus sécurisante, et demandant moins d’efforts que des alternatives bas carbone.

L’accès au vélo, aux transports en commun, ou même la marche à pied, n’est donc pas systématiquement synonyme d’abandon de la voiture individuelle. Cet ancrage dans les habitudes nécessite ainsi une approche psychosociale, avec un accompagnement au changement d’habitudes pour repenser les façons de se déplacer, et changer ses réflexes.

Notre objectif : créer une coalition d’acteurs… 

L’enjeu de la coalition initiée par MoHo en 2021 est la recherche de méthodes et de solutions pour les entreprises, par les entreprises, avec des experts dont résulte un travail pluridisciplinaire inédit :

  • mobilité durable avec Laura Foglia, experte en mobilité bas carbone,
  • organisation et qualité de vie au travail avec Gilles Picard, expert en qualité de vie et conditions de travail,
  • accompagnement au changement avec Sonia de Abreu, psychologue en accompagnement au changement social et durable.

Ce travail pluridisciplinaire s’appuie sur différentes parties prenantes de la démarche : des entreprises normandes, des acteurs solutions de la mobilité décarbonée, des collectivités territoriales et des étudiants.

Tous ces acteurs se réunissent avec les experts lors de temps d’intelligence collective pour travailler en multi acteurs sur les problématiques des trajets domicile-travail :

 

Le travail des experts repose sur une étude des politiques et pratiques de mobilité dans des entreprises sur le territoire normand, autour d’une zone de moyenne densité : la communauté urbaine de Caen la mer.

… et construire un outil commun en opensource pour transformer la mobilité domicile-travail

Comment une entreprise peut-elle accompagner le changement d’habitudes de ses salariés vers une mobilité décarbonée et inclusive ?

Cette étude des entreprises a pour but d’y répondre en permettant aux référents mobilité des organisations d’être moteurs de la transition dans leur entreprise en accompagnant le changement auprès des collaborateurs.

Le travail avec les entreprises permet également une implication des salariés et l’intériorisation de cet enjeu dans la culture de l’entreprise.

L’objectif de la coalition est de construire, à partir de l’analyse des experts dans les entreprises, un commun numérique en open source dédié à l’accompagnement au changement vers des pratiques de mobilité domicile-travail durables.

Cet outil sera publié à partir de septembre 2024 et comprendra des solutions et outils concrets :

  • une méthodologie de conduite de projet pour la construction d’un plan de mobilité selon les différents types de structure, leur taille, leur localisation, la façon dont elles traitent le sujet de la mobilité,
  • une pédagogie d’accompagnement au changement adaptée à différents profils d’entreprises,
  • des outils et solutions de mobilité durable, de nouveaux modes d’organisation du travail et des financements de solutions de mobilité bas carbone,
  • la possibilité de créer et rejoindre des communautés d’entreprises ayant mis en place des actions communes sur le domicile-travail.

Participez à l’étude et à la création du guide auprès des partenaires existants !

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Réveillez votre imaginaire ! 

Le premier temps d’intelligence collective du programme a réuni tous les acteurs de la démarche autour d’un atelier de design fiction pensé et animé par la Fabrique des Mobilités. Retrouvez ici le récit de fiction issu de cette journée sur le futur de la mobilité domicile-travail en 2050.

Merci aux partenaires et intervenants de la démarche : le Fact et l’Anact, SNCF Lignes normandes, Keolis Caen Mobilités, Decathlon Logistique Cagny, CPAM du Calvados, Michelin, EM Normandie, Webhelp, Coulidoor, SAP Labs, Ex Aequo, RaiseLab, la Fabrique des Mobilités, Caen la mer, Sorbonne Université.